SENSIBILISATION DES BATWA EN COMMUNE RUTOVU

Légende : la communauté batwa de Rutovu au cours d’une séance de sensibilisation sur la lutte contre les VBG. C’était lundi le 25 novembre 2024, premier jour de la célébration des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre.

Des violences basées sur le genre (VBG) très fréquentes mais ignorées chez les autochtones (BATWA).

Lors d’une séance de sensibilisation de la communauté « Batwa » vivant en Commune Rutovu, province Bururi par un volontaire de la Maison Soleil Umuhoza, les Batwa ont dans un premier temps confirmé qu’il n’y a pas de violences basées sur le genre dans leur communauté. Ils ont cependant dit que les problèmes qui s’observent souvent sont des violences commises par les hommes des autres communautés envers les femmes Batwa. Des abus et harcèlements sexuels ont été cités. Après l’explication de ce que c’est les violences basées sur le genre, les femmes ont mentionné qu’il y en a beaucoup au sein de la communauté « Batwa » et plus particulièrement au sein des couples. Les plus fréquentes citées sont les suivantes :

  •  les femmes sont souvent battues par leurs conjoints. Les raisons fréquentes de cette forme de violence basée sur le genre sont l’ivresse, la compétition dans la gestion des biens familiaux notamment l’argent (surtout l’argent gagné par les femmes, le refus de la femme de faire des relations sexuelles pour des raisons diverses ( par exemple la maladie, la fatigue), etc. Toutes ces violences de ne se disent pas ; elles sont considérées comme des secrets des couples si non, la femme risque d’être chasée.
  • Les femmes qui se sont mariées avec des hommes non Batwa subissent énormément des problèmes notamment des pressions diverses orchestrées les membres des familles de leurs maris.
  • Des cas de viols fréquents mais qui restent tabous. Les femmes Batwa sont souvent violées par les hommes d’autres ethnies notamment quand elles vont puiser de l’eau le soir. Ceci est encouragé par les croyances traditionnelles comme quoi « les relations sexuelles avec une femme Mutwa et plus particulièrement une fille Mutwa vierge guérit le mal de dos ». Par peur des conséquences et de la honte, les femmes violées sont obligées de se taire.
  • Les mariages précoces (souvent par union libre) à partir de 15-16ans pour les filles et 17-18ans pour les garçons. Pratiquement, il est difficile de trouver des jeunes célibataires dans des communautés BATWA à part ceux qui sont encore à l’école. La raison majeure est culturelle.
  • Les agressions psychologiques et les privations économiques

Au cours de la séance, les Batwa se sont rendus compte que leurs communautés comptent parmi les catégories les plus affectées par ces violences en raison de plusieurs facteurs liés à leur mode de vie marquée par la promiscuité et à certaines croyances qui exposent spécifiquement les femmes et les filles Batwa. Malheureusement, ces communautés souvent reléguées au second rang, bénéficient rarement des interventions en matière de lutte contre les VBG. La séance a été une bonne opportunité pour les Batwa en général et pour les femmes et les filles Batwa en particulier souvent laissées pour compte, de connaître les types, les formes, les causes et les conséquences des violences sexuelles et basées sur le genre et surtout d’adopter des stratégies leur permettant de se mettre à l’abri de ces violences, tant au sein de la communauté que de la famille.

Au cours des échanges, les femmes et les filles BATWA ont émis un certain nombre de défis auxquelles elles sont principalement confrontées. Il s’agit entre autres l’ignorance des droits qui les protègent, peu de sensibilisation sur les droits des femmes et des filles au sein de la communauté, le manque d’entraide et de soutien mutuel, les aspects culturels négatifs qui ont un poids assez lourd, la pauvreté et particulièrement la pauvreté féminine. Grâce aux enseignements reçus au cours de la séance, les batwa ont pu identifier ensemble des pistes de solutions pour relever ces défis. Ils se sont notamment engagés à partager les connaissances acquises et à servir de modèles autres dans la lutte contre les VSBG. A l’issue de la séance, il a été recommandé aux jeunes filles et femmes batwa d’agir contre la pauvreté, un des principaux facteurs favorisant l’abandon scolaire au sein de la communauté des Batwa. Pour y parvenir, des pistes de solutions ont été données. Il s’agit notamment d’améliorer la poterie en l’associant aux autres activités génératrices de revenus tels que la couture, le petit commerce et de s’intégrer dans des associations et/ou des coopératives pour combattre la discrimination. Une jeune femme mutwa originaire de Rutovu mais évoluant à Gitega a été citée comme modèle car elle exerce pour le moment le métier de couture. D’autres recommandations sont allées dans le sens de mobiliser cette communauté à la construction d’abris décents et modernes, d’adapter leur manière de faire et de vivre au moment actuel et de participer aux activités agro-pastorales. Il a enfin été recommandé aux femmes et filles batwakazi à la séance de rompre avec les habitudes culturelles qui considèrent les VBG comme banales ou normales dans la communauté et de servir d’exemples et d’éclaireuses aux autres membres de leur communauté dans la lutte contre les VBG.

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